Soutenance de thèse: Aristote, Heidegger : Substance et Temporalité, ou une histoire ancienne du temps La

Le 20 juin 2022
De 14h00 à 18h30
Salle Ourisson, Institut Lebel (1e étage), 4, rue Blaise Pascal, 67000 Strasbourg

Eleni KONTOGIANNI soutiendra sa thèse "Aristote, Heidegger : Substance et Temporalité, ou une histoire ancienne du temps" préparée sous la direction de Anne Merker au laboratoire du Crephac de l’Université de
Strasbourg le 20 juin 2022.

Résumé: La présente recherche consiste dans la restitution du concept aristotélicien du temps
considéré sous le double prisme de la cosmologie et de la psychologie aristotéliciennes, et mène
à deux résultats qui se complètent : 1) le temps est l’aspect formel du mouvement, 2) le temps
est l’expression mathématique de l’endurance du substrat du mouvement. La démarche de la
restitution va à rebours de la démarche de la destruction du concept aristotélicien, entreprise
par Heidegger, de sorte que la critique de sa critique d’Aristote est inévitable. Le sous-titre
circulaire de la recherche, « une histoire ancienne du temps », fait référence à la restitution qui
prend pour fil conducteur la circularité impliquée par la définition du temps comme « le nombre
du mouvement selon l’antérieur et postérieur » de la leçon sur le temps. La définition n’est pas
circulaire parce qu’un homme se remémore son vécu et fait des projets pour son avenir, une
interprétation que Heidegger aussi récuse. La définition est susceptible de circularité parce que
le temps est présupposé par le mouvement, et Aristote voit la difficulté. Heidegger répond à la
difficulté par la conception du temps à titre de temporalité qui constitue le Dasein et permet de
rendre compte de l’antériorité du temps sur le mouvement comme un mode d’être du Dasein.
Le problème du temps présupposé, qu’Aristote met entre parenthèses et auquel Heidegger
entend répondre, conduit à constater que le concept aristotélicien et le concept heideggérien du
temps ne s’opposent pas parce que l’un serait un concept physique, liant le temps au
mouvement, tandis que l’autre un concept phénoménologique, liant le temps au Dasein. La
divergence des deux concepts réside dans la manière dont la nature et le vivant, qu’est l’homme,
sont compris à chaque fois. La recherche autour du temps met en lien deux questions : 1) que
désigne-t-on par le mot « nature » ? 2) que désigne-t-on par le mot « ontologie » ? Le lien entre
la parole sur la nature et la parole sur l’existant conduit à découvrir chez Aristote une recherche
physique phénoménologique, où le terme « phénoménologique » ne renvoie pas à la relation du
Dasein avec son être ou avec l’être en général, mais à la relation entre (le) nous et l’univers
naturel qu’est le monde en tant que tout organique fini. Le problème du temps présupposé
conduit à découvrir la coappartenance de l’univers naturel et de l’existence humaine. La pensée
aristotélicienne et la pensée heideggérienne du temps sont toutes les deux axées sur le futur.
Mais le futur chez Aristote n’est pas compris à la lumière de la fin de l’existence. Le futur est
compris à la lumière du meilleur et du bien que le vivant en tant que membre du tout vise et
vers lesquels se dirige en faisant preuve d’endurance.

Le jury sera composé de :
Pierre-Marie Morel : Professeur des universités, Université Paris 1
Jeffrey Andrew Barash : Professeur des universités, Université de Picardie
Cristina Viano : Directrice de recherches, CNRS
Gérard Bensussan : Professeur émérite, Université de Strasbourg
Anne Merker : Professeure des universités, Université de Strasbourg