Soutenance de thèse

Le 28 septembre 2020
De 14h00 à 18h00
Amphithéâtre du Collège doctoral européen

Le 28 septembre 2020

Jean Quétier soutiendra sa thèse "Théoriser le communisme dans les organisations ouvrières : le travail de parti de Karl Marx" sous la direction de Franck Fischbach.

Jury :

Mme Sylvie Aprile, Professeure d'histoire à l'Université Paris Nanterre
M. Bertrand Binoche, Professeur de philosophie à l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
M. Franck Fischbach, Professeur de philosophie à l'Université de Strasbourg
M. Stéphane Haber, Professeur de philosophie à l'Université Paris Nanterre
Mme Lore Hühn, Professeure de philosophie à l'Université Albert-Louis de Fribourg-en-Brisgau
M. Hans-Christoph Schmidt am Busch, Professeur de philosophie à l'Université technique de Brunswick

Résumé :

Fondée sur une méthode résolument contextualiste, cette thèse est consacrée à l'analyse des différentes interventions de Marx au sein des organisations ouvrières de son temps et entend par ce moyen éclairer aussi bien sa conception du parti que sa conception du communisme. Elle s'appuie sur l'exégèse des différentes sources disponibles, parmi lesquelles correspondances et procès-verbaux de réunions jouent un rôle de premier plan. Loin de constituer un témoignage accessoire, permettant au mieux de se faire une idée de la manière dont Marx s'efforçait de mettre en pratique des réflexions élaborées en amont de façon solitaire, cette matière offre au contraire l'occasion d'observer une théorie en train de se faire. Irréductibles à de simples lieux de pouvoir dans lesquels il aurait uniquement cherché à asseoir son influence, les structures partisanes dans lesquelles Marx a été amené à s'impliquer tout au long de sa vie font également figure de laboratoires au sein même desquels une bonne part de ses thèses a vu le jour. Certaines d'entre elles, parfois tout sauf secondaires, ne furent d'ailleurs jamais énoncées dans un autre cadre.
En retraçant dans le détail le parcours militant de Marx, nous avons ainsi cherché à montrer que s'y donnent à lire une théorie du communisme et une théorie de l'organisation radicalement inséparables l'une de l'autre. Pour des raisons non pas accidentelles mais bel et bien fondamentales, la théorie du parti prend ainsi chez lui la forme d'une théorie dans le parti, conçu comme instance pertinente de construction d'un discours communiste. De ce fait, une telle construction s'avère n'avoir de sens qu'à la condition d'être collectivement portée et initiée par le prolétariat lui-même. C'est sans aucun doute ce qui permet d'expliquer qu'un nombre significatif de textes de Marx, comme le Manifeste du parti communiste, La Guerre civile en France ou encore la Critique du programme de Gotha, pour ne citer que les plus emblématiques, ait été rédigé au nom d'une organisation ouvrière ou à l'occasion de débats qui la traversaient. Afin de saisir la singularité de cette démarche, nous avons été amenés à mobiliser un concept inédit, celui de travail de parti, qui sert de fil conducteur à l'ensemble de nos analyses.
Notre enquête, à la charnière entre la philosophie et l'histoire, porte sur l'ensemble du parcours de Marx, depuis sa découverte de la question communiste en 1842 jusqu'à sa mort en 1883. L'hypothèse centrale que nous avons cherché à mettre à l'épreuve tout au long de notre développement est qu'il existe une rupture significative entre la conception de l'organisation telle qu'elle se donne à voir dans les textes de la fin des années 1840 et celle, beaucoup plus élaborée, que Marx est amené à théoriser à partir du milieu des années 1860, alors que commencent à émerger, en Europe occidentale et aux États-Unis, les premières structures ouvrières de masse. Pour cette raison, nous avons été conduits à concentrer la majeure partie de nos analyses sur les deux dernières décennies de la vie de Marx, la fondation de l'Association générale des travailleurs allemands (ADAV) en 1863, et surtout celle de l'Association internationale des travailleurs (AIT) en 1864, faisant en la matière figure de tournant.