CM Éthique et politique
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Description
Pensée politique et considérations morales chez Hannah Arendt
« Les hommes, et non l’Homme, vivent sur terre et habitent le monde » (L’Humaine Condition) : c’est de ce constat que part la pensée politique de Hannah Arendt. La condition humaine est avant tout celle de la pluralité : chaque homme est singulier, les hommes existent au pluriel, et ils ont chacun la capacité d’initier quelque chose de nouveau. Cette capacité de commencement vient du fait que les hommes sont eux-mêmes des êtres nouveaux dans le monde du fait de leur naissance (ce qu’elle appelle la « natalité »). L’écueil dans lequel tomberaient les philosophes serait celui d’imposer au domaine des affaires humaines des critères venus de l’exercice solitaire de la pensée, afin de contrecarrer l’imprévisibilité consubstantielle à l’action humaine ; mais cela revient à nier dangereusement ce qui constitue la politique, à « fuir » les affaires humaines, au risque de tomber dans une forme de « tyrannie ». En examinant la « condition humaine », qu’elle décline en différentes « capacités », Arendt s’est ainsi toujours dite « théoricienne politique » et non « philosophe », jugeant que les philosophes, après Socrate, n’avaient pas véritablement cherché à penser la vie politique de l’homme dans sa singularité. Toutefois, lors du procès Eichmann en 1961-1962, Arendt se trouve face à un individu qui a commis le mal par « absence de pensée », selon l’expression qu’elle emploie. Se pose alors pour elle la question du lien entre la « vie de l’esprit » et la vie politique : l’exercice de la pensée peut-il empêcher l’homme de faire le mal ? Elle développe alors des « considérations morales » qui envisagent le lien – crucial – entre pensée et action, entre philosophie et politique. Notre cours se propose donc de présenter aux étudiants la pensée politique et les réflexions éthiques d’Arendt, en examinant tout particulièrement les liens, mais aussi les tensions, qui peuvent exister entre éthique et politique.
Bibliographie
Bibliographie
- Hannah Arendt, La crise de la culture, Paris : Gallimard, trad. P. Lévy, 1972.
- Hannah Arendt, Juger. Sur la philosophie politique de Kant, Paris : Seuil, trad. M. Revault d’Allones, 1991.
- Hannah Arendt, Responsabilité et jugement, Paris : Payot & Rivages, trad. J.-L. Fidel, 2003.
- Hannah Arendt, L’Humaine Condition, Paris : Gallimard, trad. G. Fradier et alii, 2012.
- Hannah Arendt, Qu’est-ce que la politique ?, Paris : Seuil, trad. C. Widmaier, M. Frantz-Widmaier et S. Taussig, 2014, rééd. 2016.
- Katia Genel, Arendt. L’expérience de la liberté, Paris : Belin, 2016.