CM Philosophie contemporaine

CM Philosophie contemporaine
Licence PhilosophieParcours Philosophie

Catalogue2025-2026

Description

Injonction au devenir soi ou morale de l’altérité ?

            Dans la dernière période de sa vie, dans ses dernières œuvres et en particulier à l’occasion de ses trois derniers cours au Collège de France, Michel Foucault se tourne résolument vers la philosophie ancienne. À la suite des travaux de P. Hadot qui parle à ce propos « d’exercices spirituels », Foucault met ainsi d’abord en lumière dans L’Herméneutique du sujet l’importance du souci de soi et de ce qu’il nomme des « techniques de soi » dans la philosophie ancienne, notamment à partir d’une lecture stimulante de l’Alcibiade de Platon. Le point d’horizon de Foucault est alors le christianisme, mais il consacre un certain nombre d’heures de cours à Sénèque, dont la philosophie constitue l’un des points culminants du souci de soi. Nous lirons donc les textes anciens au regard des analyses de Foucault afin de mesurer jusqu’où tient la lecture qu’il en propose et combien il s’en écarte.

Ainsi se dessine aussi à l’occasion de ce cours sur L’Histoire de la sexualité et des ouvrages publiés en parallèle ce qu’il nomme une « esthétique de l’existence », souvent considérée un peu rapidement comme simple synonyme du souci de soi. Nous interrogerons ce concept, sa légitimité (il a en effet été critiqué notamment par P. Hadot qui accuse Foucault de tirer l’art de vivre antique vers une forme de dandysme) et nous verrons qu’il y a bien de la part de Foucault une forme de déplacement ici, une enquête « généalogique » au sens où il l’entend. Il part en effet de questions et de problèmes contemporains pour réinterroger la philosophie ancienne, mais sa lecture des textes a bien pour but d’alimenter une forme d’éthique contemporaine qu’il reste à dessiner. Si Foucault s’intéresse en effet aux techniques de soi, c’est d’abord parce qu’elles offrent le modèle de conduites disruptives qui sont autant de réponses possibles aux formes de subjectivation que le pouvoir impose actuellement aux individus.

            Dans un dernier temps, nous nous consacrerons à la lecture des deux derniers cours de Foucault, dans lesquels il se concentre sur la notion de parrhesia, ce franc-parler, ce courage de la vérité qui fait la preuve d’une vérité que l’on porte sur soi et qui met directement celui qui l’énonce en danger. À la différence de l’aveu propre à la structure chrétienne et qui lui est donc postérieur, la parrhesia antique met l’accent sur le rapport à soi et non sur le rapport à l’autre, d’où l’idéal d’authenticité qui se présente ici. Nous verrons que, là aussi, la lecture proposée par Foucault n’est pas strictement philologique, mais se cherche comme une manière de se nourrir de la philosophie ancienne pour affronter des problèmes actuels et proposer une nouvelle figure du philosophe ou de l’intellectuel engagé, qui trouve ainsi ses racines dans la philosophie ancienne et en premier lieu dans le portrait et l’attitude de Socrate.

Lectures obligatoires (qui pourront faire l’objet d’une évaluation)

Foucault, Histoire de la sexualité III. Le Souci de soi, Paris, Gallimard, 1984.

Foucault, L’Herméneutique du sujet, Londrai (France), Seuil / Gallimard, 2001 – À lire en priorité.

Foucault, Le Gouvernement de soi et des autres, Londrai (France), Seuil / Gallimard, 2009.

Foucault, Le Courage de la vérité, Londrai (France), Seuil / Gallimard, 2009.

Platon, Alcibiade, traduction Ch. Marboeuf et J.-F. Pradeau, Paris, Garnier-Flammarion, 1999.

Sénèque, La Tranquillité de l’âme, La retraite, traduction par J. Dross, Paris, Points, 2014.

Sénèque, Lettres à Lucilius (1 à 29), traduction Marie-Ange Jourdan-Gueyer, Paris, Flammarion, 2017.

Compétences visées

Au terme de cette formation, l’étudiant est capable de s’orienter dans une période de l’histoire de la pensée, de restituer les thèses et arguments d’un auteur, de se décentrer des représentations communes, de chercher dans les systèmes de pensée du passé des outils pour penser le présent.


 

Bibliographie

B

Lectures obligatoires (qui pourront faire l’objet d’une évaluation) :

– Nietzsche, Considérations inactuelles (une traduction de l’ensemble est en cours chez Garnier-Flammarion et sortira peut-être à temps pour la rentrée). Nous lirons la deuxième et la troisième.

– Nietzsche, Le gai savoir, traduction P. Wotling, Paris, Flammarion, 1997 (réédité depuis).

– Nietzsche, Ecce homo, traduction E. Blondel, Paris, Flammarion, 1992 (réédité depuis).

– Levinas, Éthique et infini, Paris, Le Livre de Poche, 1984.

– Levinas, Totalité et infini, Paris, Le Livre de Poche, 1990.

Lectures facultatives (pour approfondir) :

– Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Paris, Flammarion, 2008.

– Schopenhauer, Le fondement de la morale, traduction de C. Sommer, Paris, Gallimard, 2009.

– Emerson, La Confiance en soi et autres essais, traduit par Monique Bégot, Paris, Payot & Rivages, 2000.

– Mill, De la liberté, traduction L. Lenglet, Paris, Gallimard, 1990.

– M. Foucault, L’herméneutique du sujet, Londrai (France), Seuil / Gallimard, 2001.

– M. Foucault, Histoire de la sexualité III. Le souci de soi, Paris, Gallimard, 1984.

– E. Blondel, Le problème moral, Paris, PUF, 2000.

– G. Bensussan, Les deux morales, Paris, Vrin, 2019.

– C. Pelluchon, Pour comprendre Levinas, Paris, Seuil, 2020.

– N. Quérini, De la connaissance de soi au devenir soi. Platon, Pindare et Nietzsche, Paris, Classiques Garnier, 2023.

Contacts

Responsable(s) de l'enseignement