CM Philosophie allemande
Licence PhilosophieParcours Philosophie
Description
Socrate, philosophe et citoyen d’Athènes
Qui était Socrate ? Il n’a pas écrit et n’a pas laissé d’œuvre de sa main pour la postérité. La question socratique, question consistant à retrouver le Socrate historique réel derrière toutes les traces qu’en ont produit ses contemporains, est tenue aujourd’hui pour insoluble. Les “témoignages” de Xénophon et d’Aristophane dans Les Nuées sont en contradiction sur plusieurs points entre eux et avec celui du philosophe Platon. Nul ne doute que le Socrate mis en scène dans les dialogues platoniciens ne soit l’œuvre de Platon. Mais inversement, Platon est d’une certaine manière l’œuvre de Socrate, et le “témoignage” platonicien, tout pénétré qu’il soit de fiction, ne conserve pas moins le droit d’être regardé comme l’énoncé d’une vérité profonde sur le personnage historique de Socrate. Car plus que tout autre témoignage, celui de Platon nous montre Socrate dans toute son ambivalence et son caractère insupportable : un homme juste, un citoyen loyal, un philosophe authentique, et tout à la fois un homme mordant, ironique, provocateur, qui pratique en toutes occasions l’art du renversement, renversement des rôles entre celui qui questionne et celui qui répond, entre celui qui sait et celui qui ne sait pas, entre celui qui domine et celui qui est dominé, entre celui qui désire et celui qui est désiré, entre celui qui juge et celui qui est jugé, renversement des opinions en leur contraire… Dans le portrait qu’en fait Platon, Socrate est un taon qui tourmente Athènes, un poisson-torpille qui paralyse, un Satyre qui envoûte, un sophiste plus sophiste que n’importe quel sophiste. Platon, tout en défendant Socrate, fait comprendre pourquoi il a été condamné et pourquoi il a eu une telle influence sur les aspirants à la philosophie.
Cette réflexion sur le personnage de Socrate sera l’occasion d’aborder divers courants intellectuels de l’Antiquité, notamment la sophistique et la rhétorique. Ce sera aussi l’occasion de traiter de la démocratie athénienne dont Socrate fut citoyen.
Compétences visées
Au terme de cette formation, l’étudiant est capable de restituer les thèses et arguments qui fondent la cohérence d’une doctrine, d’en identifier les expressions principales dans la langue d’origine, de replacer le courant de pensée étudié dans un ensemble historique et culturel plus large, d’envisager les transferts culturels impliqués dans l’élaboration d’un système de pensée.
Bibliographie
Bibliographie de base : titres devant être lus
Platon : on abordera au moins les dialogues suivants, disponibles en Pléiade (trad. Léon Robin), en GF (différents traducteurs) ou aux Belles Lettres en bilingue : Apologie de Socrate, Criton, Phédon, Protagoras, Gorgias. Il est recommandé, pour ne pas dire indispensable, de posséder en propre la plupart des dialogues de Platon, non seulement pour ce cours, mais plus largement pour les études de philosophie. Les éditions GF Flammarion (en volumes séparés) ont l’avantage de présenter une introduction consistante, des notes et une bibliographie. Attention : la compilation en un seul volume d’Œuvres complètes de ces volumes séparés ne contient pas les introductions ni les notes ; il vaut mieux acquérir les volumes séparés.
Aristophane, Les Nuées, traduction H. van Daele, Les Belles Lettres, 1934.
Bibliographie complémentaire : titres devant être au moins consultés
Xénophon, Les Mémorables, 3 volumes, texte établi et traduit par L.-A. Dorion, Paris, Les Belles Lettres, 2000-2011.
Les Sophistes (2 tomes), présentations et traductions sous la direction de J.-F. Pradeau, Paris, GF Flammarion, 2009.
Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, traduction sous la direction de M.-O. Goulet-Cazé, La Pochothèque, 1999.
Dorion Louis-André, Socrate, PUF, coll. Que sais-je ?, 2004.
Dorion Louis-André, L’autre Socrate. Études sur les écrits socratiques de Xénophon, Paris, Les Belles Lettres, 2013.