CM Esthétique et philosophie de l'art
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Description
« Au commencement étaient les images : interprétations philosophiques de l’art préhistorique »
Nos lointains ancêtres se sont mis à produire des images et à représenter au moyen de formes et de signes artistiques leur expérience du monde, et ce bien avant d’avoir développé des systèmes d’écriture. Pour autant, et d’une manière intrinsèquement conjointe, force est de constater : a) que la philosophie en général, et la philosophie de l’art en particulier, ne s’est que peu penchée sur les origines préhistoriques de la capacité artistique et du « faire image ». Parler de « Pré-histoire » est en ce sens déjà problématique et vecteur d’un certain nombre de représentations contestables. Faire comme si l’aventure expressive de l’homme n’avait pas commencée bien avant les premières civilisations de l’écriture (et ainsi laisser de côté une période incroyablement plus longue de notre présence sur terre) l’est encore plus ; b) que le caractère lacunaire des sources et traces « laissées » par les hommes des temps préhistoriques, ainsi que le problème philosophique fondamental du caractère nécessairement cryptique et théorique de l’origine et du commencement, rendent particulièrement malaisées les tentatives d’interprétation du sens à conférer par exemple aux images peintes sur les parois de Chauvet ou de Lascaux.
Pourtant, ce sont là autant de questions passionnantes et abyssales : pourquoi nous sommes-nous mis à peindre le monde et à le représenter ? pourquoi nous sommes-nous mis à produire ces images à la fois si proches et si lointaines, si profondément belles et pourtant énigmatiques ? quelle intentionnalité de sens peut-on conférer à un tel geste (volonté esthétique, rituel magique, témoignage de préoccupations religieuses, geste expressif etc.) ? cela est-il même possible de reconstruire par l’interprétation un monde de significations aussi éloigné du nôtre ? peut-on parler d’art au sujet de ces images et, si oui, en quel sens ? les catégories esthétiques modernes qui sont encore les nôtres sont-elles des outils de compréhension adaptés ou de purs obstacles ?
Dans ce cours, nous interrogerons différentes hypothèses sur ce mystère encore vivace, que celles-ci émanent de philosophes, d’historiens de l’art, de théoriciens des images ou encore de spécialistes des sciences de la Préhistoire.
Bibliographie
Bibliographie indicative
Georges Bataille, Lascaux ou la naissance de l’art, Paris, Skira, 1955.
Jean Clottes, Pourquoi l’art préhistorique ?, Paris, Folio, 2011.
Philippe Dagen, Primitivismes : Une invention moderne, Paris, Gallimard, 2019.
Jean-Paul Demoule, Naissance de la figure. L’art du Paléolithique à l’âge du Fer, Paris, Folio, 2017.
Philippe Grosos, Signe et Forme. Philosophie de l’art et art paléolithique, Paris, Cerf, 2017.
Philippe Grosos, La Philosophie au risque de la préhistoire, Paris, Cerf, 2023.
Philippe Grosos, Des profondeurs de nos cavernes, Paris, Cerf, 2021.
André Leroi-Gourhan, Les religions de la préhistoire, Paris, PUF, 2015.
André Leroi-Gourhan, L’Art Pariétal. Langage de la préhistoire, Paris, Jérôme Millon, 1992.
Gwenn Rigal, Le temps sacré des cavernes : De Chauvet à Lascaux, Les hypothèses de la science, Paris, Corti, 2016.
Alain Testart, Art et religion de Chauvet à Lascaux, Paris, Gallimard, 2016.