Soutenance de thèse
Le 5 septembre 2019
Philippa Dott soutiendra sa thèse "De la réception au renversement de la rhétorique dans le Gorgias de Platon" sous la cotutelle de Bernard Collette (Université de Laval) et d'Anne Merker (Université de Strasbourg).
Résumé : La rhétorique est au cœur des préoccupations platoniciennes. Il suffit, pour le constater, de parcourir les nombreuses pages où Platon montre à ses auditeurs qu’il en a parfaitement maîtrisé les codes : tantôt pastiche d’oraison funèbre (Ménéxène), tantôt éloge de l’amour (Banquet, Phèdre), tantôt parodie du style gorgianique dans la bouche d’Agathon (Banquet), tantôt défense de soi dans l’Apologie de Socrate, tantôt préambules des lois (Lois). Que ces nombreux passages rhétoriques servent à moquer, émerveiller, persuader ou impressionner, ils nous révèlent les prouesses de style dont est capable l’écriture platonicienne. Mais la présence de ces discours rhétoriques au sein de dialogues s’explique en premier lieu par la nécessité de saisir cet usage particulier de la parole en vigueur à Athènes, a priori étranger à toute dialectique. La rhétorique est un phénomène social, politique, éducatif que Platon souhaite cerner pour mieux le critiquer et le transformer. Ce faisant, il réalise une véritable appropriation philosophique de cette modalité particulière de s’exprimer. Quand on considère ce projet de fondation d’une rhétorique philosophique, on considère plutôt le Phèdre et les Lois au Gorgias. Pourtant la puissance de ce dialogue tient dans le fait qu’il articule à la fois l’appréhension du nouveau phénomène que représente la rhétorique, sa critique et sa refondation par le philosophe idéal, Socrate, tout en apportant un nouvel éclairage à l’histoire d’Athènes. Le présent travail propose d’en faire l’étude en accordant une attention particulière au mouvement du dialogue et aux différents visages de la rhétorique qu’incarnent les personnages. On discernera trois étapes fondamentales dans le dialogue : la réception, la réfutation et la refondation dialectique de la rhétorique qui sont finalement reproduites à une échelle plus réduite et métaphorique dans le mythe eschatologique qui conclut l’œuvre.