Soutenance de thèse
Le 27 septembre 2019
Arkady Nedel soutiendra sa thèse "La conscience et l'idéalité La théorie phénoménologique de Husserl (De ses travaux mathématiques jusqu'aux Ideen I)" sous la direction de Anne Merker.
Jury :
Rapporteurs :
Monsieur CABESTAN Philippe, Professeur, Lycée Janson de Sailly, Paris 16e
Madame DEPRAZ Nathalie, Professeure, Université de Rouen
Autres membres du jury :
Madame DASTUR Françoise, professeure honoraire, Université de Nice Sophia-Antipolis
Madame MERKER Anne, professeure, Université de Strasbourg
Monsieur ROGOZINSKI Jacob, professeur, Université de Strasbourg
Résumé : La première partie de notre travail s᾿est attachée à remonter aux racines mathématiques de la phénoménologie primitive de Husserl (jusqu᾿aux Recherches logiques). La pierre angulaire de cette recherche des fondements est l᾿émergence du sujet (cogito) qui, non seulement combine certains traits du sujet kantien, mais dans le même temps se distingue de ce dernier par son caractère plus autonome.
La seconde étape – que l᾿on peut qualifier de « transitoire » dans la constitution de la théorie phénoménologique de la connaissance – se déroule dans les années 1906/07, alors que Husserl travaille sur son Einleitung. C᾿est un texte important à deux égards au moins : historique et méthodologique. Premièrement, il marque une rupture définitive avec tout ce qui concerne le domaine psychologique et élève la phénoménologie au rang de théorie unique de la connaissance. Husserl développe entre autres sa critique radicale de l᾿école immanentiste (Schuppe, Rehmke) ; école philosophiquement pourtant plus proche de Husserl, mais qui conserve une forte approche psychologique et ne peut donc être traitée que comme un adversaire.
Le pinacle, ce sont les Ideen I. Cet ouvrage marque la complétude structurelle de la théorie phénoménologique de la connaissance. Là, Husserl esquisse son but : décrire le processus de la connaissance du point de vue du sujet transcendantal, donc phénoménologiquement. D᾿un côté celles-ci sont, à la différence des ouvrages antérieurs, l᾿aboutissement logique de toutes les réflexions de Husserl depuis ses écrits mathématiques ; d᾿un autre côté, les Ideen I mettent en branle la praxis phénoménologique en tant que telle. Le sujet de la connaissance n᾿est pas une figure nouvelle ni totalement inventée : il s᾿agit d᾿un sujet reconstitué au cours du développement de la méthode phénoménologique, apparu initialement dans la métaphysique et les mathématiques du XIXème siècle.
Enfin, une lecture approfondie des Ideen I atteste que, même sans références directes aux travaux mathématiques du XIXème siècle dont Husserl était fin connaisseur, l'inventeur de la phénoménologie reste pour beaucoup fidèle à l'esprit rigoureux de cette science. Au cours de notre travail, nous avons essayé de montrer que certains concepts majeurs de la phénoménologie tels que Wesenseinstellung, stetigen Abschattung, Deckung, Flux, etc. ou même celui du « sujet transcendantal » sont issus des mathématiques. Partant, on peut avancer que Husserl remplit la tâche qu'il avait lui-même formulée dans la Krisis : « le philosophe, en effet, corrélativement à la mathématisation du monde et de la philosophie, s᾿est d᾿une certaine façon idéalisé lui-même mathématiquement... ». Mais quand on dit que Husserl demeure un mathématicien dans l’âme, il faut se hâter de préciser que les concepts et la rigueur mathématiques acquièrent chez lui un nouveau contenu phénoménologique.