Soutenance de thèse : Clara Piraud
DÉMOCRATIE ET TOTALITARISME À L'ÉPREUVE DU LOGOS.
COMMENT HANNAH ARENDT RENOUVELLE LA TRADITION ANTIQUE GRECQUE
Thèse présentée par Clara Piraud, professeure certifiée de philosophie
sous la direction d'Anne Merker (Crephac [UR 2326], Université de Strasbourg) (ED 520)
Accueil dans la salle à 13h45. Début de la soutenance à 14h précises.
- Jury
Franck Fischbach (professeur, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)
Katia Genel (professeure, Université Paris 10 Nanterre)
Marie-Josée Lavallée (docteure, chargée de cours, Université de Montréal)
Anne Merker (professeure, Université de Strasbourg)
Carole Widmaier (maîtresse de conférences, Université de Franche-Comté)
- Résumé
Cette thèse envisage l'héritage grec antique de Hannah Arendt dans son ensemble, « héritage » qui n'est « précédé d'aucun testament », selon la formule de René Char qu’elle reprend à son compte. Elle soutient l’idée qu’Arendt envisage les Grecs comme des exemples qui lui permettent d’incarner des capacités humaines que la modernité, et a fortiori le totalitarisme, ont pu nous faire oublier. Loin d’être une disciple des Grecs en général ou d’un auteur grec en particulier, Arendt dialogue avec eux, dans un échange vif et fécond, les considérant comme des « amis » que l’on peut suivre ou contredire. Cette thèse distingue chez Arendt trois types de logoi (de paroles) qu'elle conceptualise à l'aide des Grecs pour contrer les failles de la modernité et du totalitarisme. La première partie analyse la parole politique, qu'elle pense comme une forme d'action et d'opinion à l'aide, notamment, d'Aristote et de Périclès (qui nous transmettrait la mentalité de la polis). Elle oppose ainsi une forme d’exercice démocratique véritable, fondé sur l'échange des doxai sur la scène publique, à la Vérité dogmatique du philosophe (dont Platon est alors l’incarnation) qui entend imposer une transcendance au domaine des affaires humaines, alors que celui-ci se construit en réalité entre-les-hommes. La seconde partie se penche sur le rôle du récit, qu’Arendt examine à l'aide de la double figure antique du poète et de l’historien, pour contrer le langage de la science qui explique les actions humaines au lieu de leur donner un sens par la compréhension. La troisième partie examine la parole dialectique, ou le dialogue intérieur de la pensée, qu’Arendt pense, avec Platon et Socrate, comme un antidote à l'absence de pensée et à l'idéologie totalitaires. Ce faisant, elle réhabilite Platon dans une perspective éthique, démontrant ainsi que les figures qu’elle tire de l’Antiquité sont mouvantes, pouvant endosser des rôles différents selon les contextes de pensée.