Séminaire du CREPHAC - présentation des travaux d'É. Mehl et J.-C. Chirollet

Le 27 mai 2020
De 14h00 à 16h00

Le 27 mai 2020

En raison de l'épidémie de Covid-19, la séance du séminaire est reportée à une date ultérieure (premier semestre 2020-2021).

Le séminaire sera consacré à la présentation des travaux d'Édouard Mehl et de Jean-Claude Chirollet.

Résumé de la présentation de Jean-Claude Chirollet :


Maître Eckhart (1260-1327/1328) : "maître de lecture" (Lesemeister) et "maître de vie" (Lebemeister).

Le latin scolastique du théologien dominicain thuringien du bas Moyen Âge, constitue le versant savant ("scientifique") de la langue en moyen haut-allemand qu'il met en œuvre dans certains de ses sermons, traités et prédications. Le commentateur fort érudit des Écritures, des textes patristiques et des textes philosophiques de l'Antiquité, fut également, indissociablement, le penseur et le prédicateur en une langue vernaculaire très personnelle, des préceptes de la vie morale et religieuse, à l'intention du clergé, des moniales, des communautés de béguines et de bégards, et du peuple des fidèles en général. Son procès en Inquisition, en 1326-1327, met en cause de manière critique, précisément, cette dualité de langage existant entre le discours latin académique du dominicain, et sa parole vernaculaire, en langue "populaire".

 

Résumé de la présentation de Edouard Mehl :

Approcher les Méditations Cartésiennes de Husserl
Les Méditations Cartésiennes de Husserl (1931) constituent un des textes les plus importants et les plus difficiles de la philosophie au XXe siècle. Qui veut gravir les sentiers escarpés menant à leur sommet doit d’abord percer la couche des nuages qui enveloppent ses premières pentes. Il faut, avant de s’y risquer, se faire une idée du chemin, et d’abord viser l’objectif, pour ensuite l’atteindre. Nous ne proposons donc pas ici d’entamer l’ascension, mais de faire provision des matériaux et de l’équipement nécessaires à cette entreprise. Cette première approche sera donc, modestement, historique et documentaire. On commencera par l’étude génétique de ces Méditations qui synthétisent et prolongent l’entreprise des Idées directrices pour une phénoménologie pure (1913), et leur suite inédite (les « Ideen II » auxquelles, quand il rédige les Méditations, Husserl travaille depuis quinze ans).
Or, comme on le constatera, les problèmes fondamentaux qu’abordent les Méditations n’ont en fait rien de nouveau : tous font écho à des discussions et des objections élevées par les anciens élèves de Husserl, conscients d’appartenir à un « mouvement phénoménologique » qui ne se résume pas au seul enseignement du maître — un mouvement dans lequel Husserl, ardent défenseur de l’idéalisme transcendantal, court même le risque d’une certaine marginalisation, indépendamment de l’ombre que lui fait déjà le dissident Heidegger. Aussi peut-on percevoir dans ces Méditations un effort pour résister au contre-courant de la « phénoménologie réaliste », auquel se rattachent, chacun à leur façon, Adolf Reinach, Edith Stein, Roman Ingarden, et le strasbourgeois Jean Hering (1890-1966). Nous essayerons notamment de comprendre, en nous attachant plus spécialement à la Cinquième Méditation (issue d’une conférence donnée à Strasbourg, à l’invitation de Hering) comment ce que Hussel appelle la constitution de la subjectivité étrangère dissout l’objection du « solipsisme transcendantal », et répond par avance aux critiques que lui feront — en fait lui font déjà — Heidegger et, quoique de manière beaucoup moins ouverte et explicite, le traducteur des Méditations lui-même, Emmanuel Levinas.